Extraits / Excerpts
Ce Théâtre qui Chante - Choeur du Théâtre du Jorat - Robert Mermoud
René MORAX / Gustave DORET: Henriette: Soleil de juin – Henriette: Je m’en vais au petit jour – Henriette: Petit jardin plein d’ombre – Jean VILLARD-GILLES / Jean BINET: La Grange aux Roud: La terre a reverdi – La Grange aux Roud: Aujourd’hui c’est dimanche – La Grange aux Roud: La maison – Samuel CHEVALLIER / Robert MERMOUD: Le Silence de la Terre: Seul – Le Silence de la Terre: Les heures – René MORAX / Arthur HONEGGER: Le Roi David, H 37, Part. 3: Mort de David – René MORAX / Gustave DORET: Aliénor: Heureux celui qui revoit sa patrie – Aliénor: Chanson d’Aliénor – La Servante d’Evolène: Dans la prairie l’herbe a fleuri – La Servante d’Evolène: La neige fond sur les montagnes – La Servante d’Evolène: Je ne veux pas du vieux mari – Henri-Charles TAUXE / Robert MERMOUD: Le Chevalier de Grandson: Tant vous aime – Le Chevalier de Grandson: Je vous choisis (Othon de Grandson) – Le Chevalier de Grandson: Ma bonne terre – Géo Henri BLANC / Heinrich SUTERMEISTER: Le Buisson ardent: J’ai contemplé la montagne
Chœur du Théâtre du Jorat, Robert Mermoud, direction. https://theatredujorat.ch/
Yvonne Perrin, soprano
Pierre-André Blaser, ténor
Catherine Eisenhoffer, harpe
Bruno Hoffmann, harpe de verre
LE THÉÂTRE DU JORAT
En 1903, pour fêter le 100ème anniversaire de la naissance du canton de Vaud, des gens de Mézières eurent l’idée de créer une œuvre dramatique, avec partie chorale. Ce fut La Dîme du jeune auteur René Morax, encore peu connu à l’époque, spectacle qui connut un grand succès.
René Morax ayant été appelé à écrire le texte de la Fête des Vignerons de 1905, dont la musique a été composée par Gustave Doret, tous deux, avec le peintre Jean Morax et plusieurs amis, songèrent alors à créer un théâtre populaire à la campagne. Ils y furent encouragés notamment par l’écrivain Romain Rolland, homme de lettres et auteur d’une étude sur le théâtre populaire.
C’est ainsi que fut conçu et construit le Théâtre du Jorat à Mézières, entièrement en bois, avec 1100 places et une scène de 25 mètres de large, 12 mètres de profondeur, 10 mètres d’ouverture. Il fut inauguré en 1908 avec une reprise de La Dîme et une œuvre nouvelle Henriette, de René Morax, musique de Gustave Doret.
La vocation du Théâtre du Jorat a été avant tout créatrice, puisque, au cours de 70 années d’existence, vingt œuvres dramatiques d’auteurs et compositeurs suisses y furent créées. Exceptionnelles furent les présentations d’œuvres non écrites spécialement pour le Théâtre du Jorat, parmi lesquelles il convient néanmoins de signaler le succès remporté par les représentations de l’Orphée de Gluck, sous le patronage de C. Saint-Saëns, Lalo, Paderewski, et autres personnalités, en 1911.
Désormais, le Théâtre du Jorat a son répertoire d’œuvres conçues pour lui et créées par lui, parmi lesquelles certaines connurent d’exceptionnels succès. Signalons Aliénor, de Morax et Doret, dont la reprise en 1965 fut couronnée de quarante-deux représentations ; Le Roi David de Morax et Honegger, dont la version en forme d’oratorio fit le tour du monde et consacra la renommée d’Arthur Honegger ; La Servante d’Evolène, de Morax et Doret, avec vingt-quatre représentations, lors de la troisième reprise en 1975.
Persévérant dans cette vocation, le Théâtre du Jorat a créé en 1978 Le Chevalier de Grandson, d’un nouvel auteur dramatique, jusqu’alors connu comme écrivain et journaliste spécialisé dans les chroniques culturelles, Henri-Charles Tauxe, avec une partition chorale et musicale de Robert Mermoud. Cette œuvre connut le succès avec quinze représentations.
Le Théâtre du Jorat a été voulu par ses fondateurs comme un théâtre populaire. Tous ceux qui ont assumé bénévolement la responsabilité de sa direction depuis lors ont tenu à sauvegarder ce caractère. Le Théâtre du Jorat peut être considéré comme une institution à peu près unique en son genre, tout au moins en Suisse. Il est populaire par le large public qui vient à ses spectacles ; par la participation bénévole des chanteuses et chanteurs ; par la large adhésion de la population en général, qui le considère comme étant «sa chose», notamment en le soutenant spontanément sur le plan financier.
René Morax, dans les dernières années de sa vie, s’était exprimé en ces termes :
Je ne fais qu’un seul vœu, c’est qu’on respecte le vieux programme que nous avions, au début de cette longue entreprise, et que l’on se contente de jouer au Théâtre de Mézières des œuvres, dramatiques ou musicales, anciennes ou modernes, qui soient vraies, qui soient émouvantes, qui soient un foyer commun pour une grande masse de public, de gens désireux de frémir tous ensemble.
Ce vœu a été respecté, parce qu’il répond à un réel besoin sur le plan culturel et populaire, ainsi que le prouve le succès renouvelé des spectacles présentés dans le vaste vaisseau de bois de Mézières.
LE CHŒUR DU THÉÂTRE DU JORAT
En 1975, pour la reprise de La Servante d’Evolène, le Comité du Théâtre du Jorat m’a demandé de constituer un chœur formé de chanteurs de la région, qui corresponde à la vocation originale de ce théâtre populaire. Depuis de nombreuses années, en effet, on engageait pour chaque spectacle un chef qui venait avec ses propres troupes. C’est ainsi qu’on avait pu entendre La Chanson valaisanne, l’Union chorale de Vevey, celle de La Tour-de-Peilz, Le Chœur de Lausanne, le Chœur Pro Arte et le Chœur de la Radio suisse romande, la Lyre de Moudon et le Chœur de l’Ecole normale de Lausanne, avec, au pupitre, Georges Haenni, Carlo Hemmerling, Hans Haug, André Charlet, Pierre Chatton, Jean-Jacques Rapin et moi-même.
Après une première tentative qui fut la constitution du Grand Chœur du Jorat pour la reprise d’Aliénor en 1965, il s’agissait de constituer un chœur permanent, limité dans l’effectif, mais de qualité. Pour ma part, ayant trop souvent déploré le statisme de certaines mises en scène, je voulais un ensemble absolument sûr, capable d’évoluer dans les formations les plus diverses et les plus disséminées. Il est indispensable, pour certains morceaux, de rechercher des effets dynamiques ou dramatiques en faisant, par exemple, répondre une moitié des chanteurs à l’autre moitié ; il doit être possible de mélanger à l’extrême les voix, de les répartir sur toute l’immense surface scénique, étant bien entendu que, malgré la merveilleuse acoustique, les voix portent moins si l’on recule au-delà du cadre de scène.
Après l’appel lancé dans la région avec la collaboration d’Anne-Marie Monnier et de Frank Cherpillod, puis par invitations diverses, l’effectif s’est peu à peu stabilisé à une cinquantaine de chanteurs. Qualités vocales, assiduité, enthousiasme et collégialité sont les traits marquants de ces choristes-figurants dont l’authenticité éclate dans ce décor rustique et qui réussissent à présenter des interprétations raffinées, mais jamais affectées.
Après La Servante d’Evolène et les concerts de 1976 avec, en reprise, la musique de scène de Roméo et Juliette (Frank Martin) et celle de La Grange aux Roud (Jean Binet), après Le Chevalier de Grandson, dont j’ai signé la partition, voici maintenant ce disque avec quelques-unes des plus grandes pages chorales écrites pour le Théâtre du Jorat : palmarès éloquent qui fait honneur à la rapidité de travail, à l’effort de mémorisation, à la discipline, à l’engagement total d’une équipe bien soudée et décidée à défendre l’une des plus belles entreprises artistiques de notre pays.
Robert Mermoud
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