Cachemire: Le sufiana kalam de Srinagar | VDE-GALLO

CACHEMIRE : LE SUFYANA KALAM DE SRINAGAR/ KASHMIR : SUFYANA KALAM FROM SRINAGAR

VDE CD-1410

CACHEMIRE : LE SUFYANA KALAM DE SRINAGAR/ KASHMIR : SUFYANA KALAM FROM SRINAGAR
Muqam Tilang – Muqam Jinjoti (instrumental : saz-e-kashmiri) – Muqam Jinjoti – Muqam Dogah – Muqam Kochak (instrumental : setar) – Muqam Navroz-e-Saba.

Ustad Ghulam Mohammad Saznavaz.

Collection AIMP CVI.

Musique et soufisme au Cachemire

De l’avis des connaisseurs, le sufyana kalam, aussi appelé sūfyāna mūsigi, peut être considéré comme la musique classique du Cachemire. C’est en tout cas un art savant autonome, dont la tradition remonte au moins au XVIIè siècle. S’il entretient des liens historiques évidents avec les traditions musicales persane et hindoustanie, le sufyana kalam n’en présente pas moins des particularités tout à fait significatives, qui le distinguent des musiques de ses deux grands voisins.

Le terme sufyana kalam signifie littéralement «parole soufie», ce qui indique, d’une part, qu’il s’agit d’une musique essentiellement vocale, et d’autre part qu’elle est intimement liée au contexte du soufisme, la spiritualité islamique. Son répertoire est constitué de suites vocales et instrumentales, axées sur l’interprétation chantée de poèmes mystiques. D’abord destinée aux élites urbaines de la vallée de Srinagar, cette musique est traditionnellement jouée lors de longues séances nocturnes appelées mehfil, au cours desquelles des amateurs, souvent un maître spirituel (pir, shaykh) et ses disciples, se réunissent pour méditer sur le sens des vers, tout en se laissant pénétrer par la beauté envoûtante des voix et des timbres instrumentaux.

La présence du soufisme est attestée au Cachemire à partir de la fin du XIIIè siècle, époque à laquelle plusieurs confréries en provenance de Perse et d’Asie centrale ont commencé à s’y implanter. Parmi celles-ci, les. Plus largement répandues au Cachemire sont la Suhravardiyya, la Chishtiyya, la Qädiriyya, la Kubraviyya et la Nagshbandiyya. Mais il existe aussi d’autres ordres soufis comme celui appelé Rishi (du sanscrit rsi, qui désigne un personnage à la fois poète, chantre, voyant, ermite.….), fondé au Cachemire par le Shaykh Nūr ad-Din Nūrāni (1377-1438), un sage qui entretenait des liens d’amitié avec des mystiques aussi bien bouddhistes qu’hindous. La correspondance qu’il échangea avec la célèbre poétesse Lallā, une ascète shivaïte, témoigne d’une exceptionnelle inspiration réciproque. Son mausolée (dargah), situé à Charar-i-Sharif, dans les collines, à une trentaine de kilomètres de Srinagar, demeure un des grands centres du soufisme cachemirien, et des mehfil sont fréquemment organisés dans ses parages.

Une des pratiques fréquemment associées aux méthodes du soufisme est ce qu’on appelle le samaā‘, un terme qu’on pourrait traduire par «audition mystique », dont le mehfil constitue un exemple caractéristique. L’usage de la poésie et de la musique n’est cependant pas partagé par toutes les confréries : certaines, comme la Suhravardiyya, le rejettent pour se concentrer sur l’invocation et la méditation silencieuses ; d’autres en revanche, tout particulièrement la Chishtiyya et la Qādiriyya, auxquelles appartiennent la plupart des musiciens de sūfyāna kalām, l’ont toujours prôné comme une source d’inspiration irremplaçable, suivant en cela l’enseignement du grand maître soufi Nizām ud-Din Auliya (1238-1325) – dont le tombeau à Delhi attire toujours de nombreux pèlerins -, qui proclamait que «La musique est la nourriture de l’âme ».

 

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