Mel Bonis : Ses Mélodies - Eliane Geiser, mezzosoprano - CD / MP3

MEL BONIS – ELIANE GEISER – ANNE-MARIE AELLEN

GALLO CD-1469

Mel BONIS : Mélodies : Allons prier – Berceuse – Reproche tendre – Le moulin – Le ruisseau – L’oiseau bleu – Dès l’aube – Elégie sur le mode antique – Immortelle tendresse – La mer – Le chat sur le toit – Couboulambou à Paris – Le dernier souvenir – Chanson d’amour – Noël pastoral – O Salutaris – Pourriez-vous pas me dire – Sur la plage – Un soir – Viens – Mirage – Chanson de printemps – Regina coeli.

Eliane Geiser, mezzo-soprano – Anne-Marie Aellen, piano – Flurin Tschurr, basse.

Mel Bonis

Mel Bonis, pseudonyme de Mélanie Bonis, épouse Domange, (1858 – 1937) est une des rares compositrices françaises de son époque qui laisse à la postérité une œuvre musicale conséquente. Cette parisienne, issue d’un milieu bourgeois modeste, suivit ses études au Conservatoire sur les mêmes bancs que Debussy et Pierné. Ses maîtres, Ernest Guiraud et Louis Auguste Bazille aux classes d’harmonie, accompagnement et composition, n’étaient qu’éloge pour elle. Elle rencontra le jeune Amédée Hettich qui allait devenir une figure éminente du monde du chant alors qu’ils étaient étudiants. Elle avait souhaité l’épouser : ses parents s’y étaient opposés et l’avaient obligée à démissionner pour les séparer. Elle se maria en 1883, conformément à leurs vœux, à un riche industriel âgé du double de son âge et père de cinq garçons. Elle lui donna elle-même trois enfants. Elle vécut de nombreuses années fidèlement à ses devoirs d’épouse et de mère. Elle retrouva son amour de jeunesse dans le courant des années 1890 et collabora à sa fameuse collection «Les grands airs classiques». A son corps défendant, leur amour s’imposa a nouveau. De leur liaison elle eut un enfant qu’elle mit au monde en secret. Cette âme romantique et spirituelle, en qui étaient enracinées la morale et les valeurs chrétiennes, ne se remit jamais de cette blessure affective. La musique et la prière sublimèrent sa douleur.

Comportement insolite pour une femme du monde de cette époque, maîtresse de maison et mère de famille, elle a composé une grande œuvre musicale. Ce corpus, évalué à trois cents pièces, se compose de 60 morceaux de piano, de nombreuses mélodies, motets, messes et autres œuvres religieuses polyphoniques; de 27 pièces d’orgue, d’œuvres majeures de musique de chambre dont trois sonates et deux quatuors pour piano et cordes, d’œuvres pour orchestre… Depuis les pièces légères jusqu’aux cantiques mystiques, l’œuvre de Mel Bonis est aussi variée qu’abondante. C’est une écriture savante au service d’une inspiration originale et forte, une belle recherche harmonique souvent teintée d’impressionnisme et d’orientalisme, avec des rythmes innovants. Cette œuvre connut un long purgatoire d’où elle émerge progressivement depuis la fin des années 1990.

Mel Bonis était particulièrement sensibilisée au chant du fait de sa relation avec Amédée Hettich avec qui elle travailla beaucoup musicalement, qui l’encouragea et l’aider du fait de son entregent et de son réseau dans le milieu musical. Pour le chant donc, Mel Bonis a écrit une œuvre importante, des mélodies et chœurs – des œuvres religieuses et des œuvres profanes.

Les poètes qui les ont inspirées sont principalement Amédée Hettich, Édouard Guinand et Maurice Bouchor. Le poète Maurice Bouchor, contemporain de Mel Bonis, a inspiré de nombreux musiciens, notamment Charles Bordes, Pierre de Bréville, Isaac de Camondo, Ernest Chausson (Poème de l’amour et de la mer), Claude Debussy ou André Gedalge. Édouard Guinand, de vingt ans leur aîné, poète prolifique, a lui aussi inspiré de nombreux compositeurs comme Cécile Chaminade, Benjamin Godard et Claude Debussy (L’enfant prodigue). Mel Bonis s’est aussi inspirée de façon ponctuelle de poèmes de Victor Hugo, de Georges Rivollet, de Leconte de Lisle, d’André Godard, d’Edmond du Costal, d’Anne Osmont et de Madeleine Pape-Carpentier. Les mélodies de Mel Bonis sont d’une grande diversité de style, allant du plus léger au plus romantique, du religieux à l’impressionniste. Elles ont en commun leur belle qualité d’écriture et leur ancrage dans leur époque.

Les textes choisis gardent un charme auquel on reste sensible. Les mélodies sur des textes de Hettich et Guinand sont généralement de style léger. Les mélodies sur des textes de Bouchor sont les meilleurs exemples d’une écriture musicale très élaborée harmoniquement, descriptive et impressionniste, qui reflète la maturité de la compositrice et nécessitent des qualités d’interprétation particulièrement raffinées de la part du chanteur comme du pianiste.

Christine Géliot

CHF 19.50

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