Extraits / Excerpts
Lucchinetti - Mieg - Bach - Soler: Œuvres pour deux Orgues - Guy Bovet, Ernst Gerber aux Orgues de la Stadtkirche d'Aarau
Guy Bovet, Ernst Gerber aux Orgues de la Stadtkirche d’Aarau
Giovanni Bernardo LUCCHINETTI: Concerto a due Organi: I. Spiritoso – II. Allegro – Peter MIEG: Rencontres pour deux Orgues: I. Alla breve – II. Adagio – III. Gigue agitée – Johann Sebastian BACH: Concerto for 2 Harpsichords in C Major, BWV 1061: I. Without Indication – II. Adagio ovvero – III. Largo – Fuga – Antonio SOLER: Concierto No. 1 de dos Organos Obligados: I. Andante – II. Minué.
Musique à deux orgues
Une tradition ancienne
Depuis le 15ᵉ siècle, on trouve en Italie, en Espagne et en Allemagne du Sud des églises dans lesquelles il est possible de jouer à deux ou plusieurs orgues, tradition correspondant à la pratique polychorale.
Si les instruments étaient disposés à quelque distance les uns des autres, il en résultait de séduisants effets stéréophoniques, répercutés par l’acoustique et l’architecture du bâtiment.
Mais souvent aussi, l’on trouve des couples d’orgues situés de chaque côté du chœur, ce qui permettait aux organistes d’avoir un contact visuel et d’interpréter un répertoire demandant plus de précision.
L’apogée au 18ᵉ siècle
C’est au 18ᵉ siècle que nous devons l’apogée de la littérature à deux orgues, littérature qui était aussi jouée sur toutes sortes d’instruments : orgues d’église, positifs, clavecins, clavicordes, fortepianos, harpes, etc.
À l’orgue, le contraste des jeux permet de colorer la musique avec grande variété ; un autre mélange très séduisant est la combinaison des tuyaux de l’orgue avec un instrument à cordes pincées.
Les orgues de la Stadtkirche d’Aarau
La possibilité de faire dialoguer deux orgues existe déjà depuis assez longtemps à la Stadtkirche d’Aarau.
Sur la tribune principale est placé le grand orgue à 4 claviers, construit en 1963 en utilisant le magnifique buffet de Speisegger, qui date de 1756, année de la naissance de Mozart.
À l’opposé, au-dessus du chœur, un nouvel orgue en nid d’hirondelle, construit en 1983, a remplacé un instrument plus ancien situé presque au même endroit.
Les deux orgues sortent des ateliers de la maison Kuhn à Männedorf/Zurich, ont été harmonisés par Kurt Baumann et possèdent une traction mécanique.
Les œuvres
Le Concerto de Lucchinetti possède toutes les caractéristiques d’une pièce classique à deux orgues : un caractère concertant, tantôt en alternance, tantôt en jeu simultané, utilisant les effets produits par la disposition des instruments dans l’espace.
Peter Mieg a écrit ses Rencontres pour l’inauguration du nouvel orgue de chœur. Le compositeur avait été inspiré par plusieurs concerts à deux orgues qu’il avait entendus au cours des années précédentes dans cette même église.
Lui aussi part d’un dialogue très classique, mais se divertit ensuite en serrant les réponses de plus en plus jusqu’à la simultanéité — une entreprise non sans problèmes lorsque la distance entre les instruments est grande et le contact visuel impossible.
Il est heureux de disposer d’une œuvre contemporaine pour deux orgues qui permette également d’utiliser toutes les possibilités sonores des instruments.
Ce n’est qu’après coup, et pour les 1ᵉʳ et 3ᵉ mouvements seulement, que Bach a ajouté une partie d’orchestre (souvent à l’unisson des clavecins) à son Concerto en do majeur.
Forkel, premier biographe de Bach, écrit à ce sujet :
« Il peut être joué sans les cordes, et même il est d’un excellent effet ainsi ».
La juxtaposition de l’orgue et du clavecin souligne la richesse de la polyphonie et le relief du dialogue.
Les Conciertos de Soler ont été composés pour l’éducation de l’infant Don Felipe de Bourbon, pour un instrument possédant deux claviers en vis-à-vis, c’est-à-dire où le contact visuel entre les deux interprètes était intime.
C’est pourquoi on a choisi ici de l’interpréter sur deux claviers du même orgue.
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