Orgues Espagnoles, Vol. 1 – Guy Bovet

Pedro de ARAUJO: Batalha de 6. tom – Antonio de CABEZÓN: Diferancias sobre la Gallarda Milanesa – Francisco CORREA DE ARAUXO: Canto Llano de la Immaculada Conceptión de la Virgen Maria « Todo el mundo en general » – Pablo BRUNA: Tiento de mano derecha de los tiples – Juan CABANILLES: Tiento lleno III de todas manos – Tiento de falsas II – Domenico SCARLATTI: 3 Organ Sonatas: Organ Sonata in D Major, Kk. 287 – 3 Organ Sonatas: Organ Sonata in G Major, Kk. 328 – Keyboard Sonata in C Major, Kk. 255 – Don Hilarión ESLAVA: Verso sobre el Pange Lingua – Verso de salmos para la flaute traverjera – Verso 4 sobre el Seculorum

Guy Bovet, orgue

L’orgue de Cariñiena (province de Zaragoza)

Le pays béni de l’Espagne, épargné par les rages de rénovation qui agitèrent bien d’autres parties de l’Europe, recèle encore des témoins inaltérés (ou presque) d’un passé glorieux. Parmi beaucoup d’autres, l’orgue de Cariñiena près de Daroca et non loin de Saragosse.
Intact, cet instrument ne l’est certes pas entièrement. Qu’y a-t-on fait lorsqu’on a installé la soufflerie électrique, par exemple? L’orgue a dû être remis au ton, réaccordé sans doute, mais il est cependant presque certain que les changements n’ont pas porté sur la partie sonore de l’instrument, qui, si l’on y décèle certes des jeux pouvant provenir d’époques différentes, ne présente pas de caractéristiques d’époques postérieures au XVIIIe siècle.

D. Emilio Moliner, curé de la paroisse, fait remonter une partie de l’instrument à une époque très ancienne (XVIe siècle). Il se peut que la tuyauterie de la Cadereta soit plus ancienne que celle de l’O.M. (organo mayor), mais est-elle autant? Le clavier de la Cadereta paraît original et très ancien (très usé aussi) alors que celui de l’O.M. seul, qui avait été remplacé il y a quelques décennies, a été rénové récemment. Il est certain que, si la Cadereta existait avant l’O.M., tout instrument a été modifié de fond en comble lors de la construction de l’O.M., et peut-être modifié à nouveau lors de la pose de certains jeux (notamment certains rangs de la tuyauterie, qu’on tire différemment que le reste des jeux). Les tuyaux ont été tous retouchés brutalement (ils ont l’air d’être pelés comme des bananes) lors d’une modification du tempérament ou d’un changement de ton : actuellement, le tempérament est bizarre (il ne manque pourtant pas de charme). Pour pouvoir enregistrer, nous avons dû dépoussiérer l’orgue, réaccorder la plupart des jeux (le plus souvent en réparant, avec des moyens de fortune, les tuyaux mutilés – à se demander pourquoi on les avait touchés puisque remis à l’état premier, ils étaient plus justes) et boucher un petit trou dans le soufflet.

L’instrument est d’une disposition habituelle dans la plus grande partie de l’Espagne : sa façade occupe entièrement l’un des arcs donnant sur le chœur à la hauteur du premier étage. L’instrument est logé derrière cette façade, sous la voûte. Derrière l’orgue, qui est fermé par des portes, se trouve une salle où est installée la soufflerie, un grand réservoir autrefois alimenté par deux soufflets cunéiformes haut perchés, que l’on actionnait par un levier en T pendant vers le bas.

Alors que l’O.M. est surélevé, le sommier à hauteur d’homme derrière les chamades, avec quelques jeux postés, la Cadereta est posée par terre et divisée en deux parties : l’une ouverte, l’autre située dans une boîte d’expression que l’on actionne au moyen d’un levier. Les quelques tuyaux de Contre (pédale) sont en partie dans la façade, de chaque côté, et en partie dans l’orgue d’avant en arrière.