Extraits / Excerpts
Richard Flury: Violin Sonata No. 1, No. 2 & No. 3 - Gilles Colliard, violon - Timon Altwegg, piano
Richard FLURY: Violin Sonata No. 1 in G Major: I. Allegro moderato – II. Andante – III. Scherzo – IV. Allegro finale – Violin Sonata No. 2 in A Major: I. Allegro – II. À la Marche funèbre – III. Scherzo – Violin Sonata No. 3 in E-Flat Major: I. Andante – II. Scherzo – III. Andante mit Variationen.
Gilles Colliard, violon
Timon Altwegg, piano
Richard Flury : Sonates pour violon No. 1, No. 2 & No. 3
Les onze sonates pour violon et piano de Richard Flury représentent probablement le corpus le plus important de ce genre jamais écrit par un compositeur suisse, tant par leur nombre que, surtout, par leur qualité. La seule comparaison valable serait le cycle des neuf sonates pour violon de Hans Huber (1852–1926), composées entre 1877 et 1915.
Les sonates de Flury couvrent la période allant de 1918 à 1961 – soit pratiquement toute sa vie créatrice. Aucune autre forme de grande envergure ne l’a autant mobilisé. Ces onze sonates constituent un véritable microcosme et occupent une place particulière dans l’œuvre de Flury, nous permettant d’observer en détail l’évolution de son langage musical.
Il n’est guère surprenant que Richard Flury ait montré un tel intérêt pour ce genre, puisqu’il était lui-même un excellent violoniste. S’il n’avait pas subi une grave blessure dans son enfance – lorsqu’un éclat de verre sectionna le tendon de l’index gauche – on se souviendrait peut-être aujourd’hui de lui uniquement comme d’un violoniste, et non comme du compositeur qu’il est devenu par la suite (ce qui offre un parallèle étonnant avec la blessure au doigt de Robert Schumann et ses conséquences !).
La seconde raison – plus déterminante encore – de l’existence de ces 11 sonates fut le mariage de Flury, en 1939, avec son ancienne élève, la violoniste Rita Gosteli. Après avoir rapidement composé ses trois premières sonates pour violon en seulement six mois en 1918, Flury mit de côté ce genre pendant longtemps. Ce n’est qu’en 1936, lorsque Rita réapparut dans sa vie, qu’il recommença à composer des sonates pour violon. Ses Sonates pour violon n° 4 à 7, composées entre 1936 et 1948, lui sont toutes dédiées, tout comme sa Suite pour violon et piano, composée en 1951.
En 1918, l’année où Flury écrivit ses Sonates pour violon n° 1 à 3, il dirigeait la fanfare militaire des bataillons de fusiliers 3 et 5, tout en étant élève de Hans Huber au Conservatoire de Bâle. Ces trois sonates datent donc de ses années d’études, ce qui explique peut-être pourquoi il les considéra plus tard avec un regard critique et ne les publia pas.
En les publiant aujourd’hui sur CD, nous adoptons une position diamétralement opposée à celle du compositeur. Mais nous avons de bonnes raisons pour cela. D’une part, la qualité intrinsèque de ces œuvres. Même si elles présentent ici et là une certaine maladresse formelle, elles regorgent d’idées magnifiques, et il serait très dommage qu’elles restent confinées aux archives de Flury (rappelons qu’il existe très peu d’autres sonates suisses de qualité pour violon datant de la Première Guerre mondiale).
D’autre part, il est fascinant de suivre l’évolution du sens harmonique et formel de Flury. Ces enregistrements permettent à tout mélomane d’entendre clairement les débuts de ce qui deviendra, plus tard, le langage musical propre à Flury. Enfin, il convient de noter que le fils de Richard Flury, le compositeur Urs Joseph, avait initialement confirmé le rejet par son père de ces œuvres, les considérant comme des vestiges de jeunesse sans grand intérêt. Mais il a abandonné ce scepticisme après les avoir entendues, réalisant leur qualité stupéfiante. Il est aujourd’hui même convaincu que son père n’a jamais plus composé de manière aussi mélodieuse que dans ces trois œuvres !
Timon Altwegg
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