Mendelssohn: Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne | VDE-GALLO

Mendelssohn: Die erste Walpurgisnacht, Op. 60 – O Haupt voll Blut und Wunden – Kyrie in C Minor – Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne, Michel Corboz

VEL1057

Felix MENDELSSOHN: Die erste Walpurgisnacht, Op. 60, MWV D 3: Ouvertüre. Das schlechte Wetter – No. 1 Es lacht der Mai – No. 2 Könnt ihr so verwegen handeln? – No. 3 Wer Opfer heut zu bringen scheut – No. 4 Verteilt euch hier – No. 5 Diese dumpfen Pfaffenchristen – No. 6 Kommt mit Zacken und mit Gabeln – No. 7 So weit gebracht, dass wir bei Nacht – No. 8 Hilf, ach hilf mir, Kriegsgeselle! – No. 9 Die Flamme reinigt sich vom Rauch – O Haupt voll Blut und Wunden, MWV A 8: I. Chor « O Haupt voll Blut und Wunden » – II. Aria « Du dessen Todeswunden » – III. Choral « Ich will hier bei dir Stehen » – Kyrie in C Minor, MWV A 3

Ensemble Vocal et Instrumental de Lausanne, Michel Corboz, direction.

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Il y a dans l’œuvre de Goethe deux Nuits de Walpurgis. On se souvient surtout de sa seconde, celle qui, dans Faust, décrit une nuit de Sabbat romantique assez conventionnelle. Mais, dès 1799, le poète avait utilisé le cadre d’une nuit de mystères païens pour opposer, dans un fracas de tempête, deux modes de pensée irréconciliables.

On sait l’usage que les musiciens romantiques ont fait, tout au long du XIXe siècle, des images que leur fournissait le second Faust, tandis que la première Nuit de Walpurgis restait pratiquement ignorée. Seul Carl Friedrich Zelter, ami personnel de Goethe et son conseiller musical, avait tenté de donner une traduction musicale du poème de 1799; il devait la conserver dans ses dossiers pendant plus de quinze ans avant de reconnaître que la tâche était au-dessus de ses capacités d’imagination.

C’est par l’intermédiaire de ce même Zelter que Mendelssohn devait être présenté à l’âge de 12 ans à Goethe, de 60 ans son aîné, figure olympienne qu’avaient modelée les années et la gloire. Le vieil homme ne comprenait pas grand chose à la musique selon Beethoven et Schubert. De son jeune âge, il avait gardé respect et admiration pour la clarté et l’équilibre des mélodies de Mozart; il lui plaisait de retrouver chez cet enfant prodige, petit Berlinois de bonne famille, l’écho d’une musique où revivait l’idéal de sa propre jeunesse. Il est difficile de parler d’une collaboration entre les deux hommes. La première pièce importante qu’un texte de Goethe ait inspiré à Mendelssohn est l’ouverture Meeresstille und Glückliche Fahrt qui ne sera présentée au public qu’en 1832, l’année de la mort du poète. On peut d’ailleurs douter que celui-ci aurait vraiment apprécié une composition qui se plaçait sans équivoque dans l’obédience de Beethoven. Il ne se serait pas plus senti à l’aise devant la partition de la Première Nuit de Walpurgis.

Dans cette œuvre qui mêle étroitement l’orchestre et les voix, Mendelssohn n’a pas entièrement respecté la pensée du poète-philosophe. Emporté par son « penchant pour les sorcières », il ne s’est intéressé que d’assez loin à la pensée profonde qui était au cœur du texte de 1799, le conflit permanent entre les forces instinctives de la nature et la clarté rationnelle d’un monde selon l’esprit des lumières. Préférant un aspect plus franchement romantique de son sujet, Mendelssohn resta au niveau d’un poème descriptif et nous invite à entendre le tournoiement enfiévré d’une nuit de tempête.

De toute façon, la partition, achevée dans sa première forme dès 1831, fera l’objet de modifications importantes avant sa première exécution publique en 1842. Goethe n’aura jamais connu le sort réservé à ses vers auxquels leur version musicale donne un élan juvénile des plus attachants. Car Mendelssohn se révèle ici un grand poète romantique. Il utilise une palette somptueuse, faisant éclater les cors derrière l’écran soyeux des cordes, donnant aux bois une voix toute personnelle; les chœurs sont traités avec une simplicité qui leur confère par moments la dignité de chansons populaires, tandis que les solistes se voient confier des airs de grand format. Toutes les richesses de l’opéra romantique sont réunies dans cette illustration d’un poème que nous sommes invités à lire dans la lumière des scènes de féerie shakespeariennes. Le chœur des druides (numéro 6 de la partition) est illuminé d’une fantaisie qu’on n’entendra plus avant que le vieux Verdi ne la fasse revivre au dernier acte de son Falstaff.

Curieusement, le musicien chez qui Goethe appréciait un je-ne-sais-quoi de démodé qui lui rappelait son jeune temps se révèle ici un des prophètes de la musique du XIXe siècle, assurant avec fermeté le relais entre Beethoven et les grandes rhapsodies de Brahms.

Jean-François Labie

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