Gustave Doret: Davel – Fête des Vignerons (Live)
GALLO DI-1703
Gustave DORET / René MORAX: Davel: I. Prélude – II. Il était une fille – III. Marche des fifres et tambours – IV. Mon père m’a envoyée – V. Pastorale d’automne – VI. Psaume XVII – VII. Marche des bataillons de Davel – VIII. Le rêve de Davel – IX. Marche funèbre – Gustave DORET / Charles VELLAY: Mirage – Gustave DORET / Marc MONNIER: Tarantelle – Gustave DORET / Pierre GIRARD: La fête des Vignerons: I. A qui donner la rose ? – II. La chanson du blé qui lève – Gustave DORET / René MORAX: La fête des Vignerons: III. La coquille – Gustave DORET / Pierre GIRARD: La fête des Vignerons: IV. Chanson du pressoir – Gustave DORET / René MORAX: La fête des Vignerons: V. La fille du Vigneron – Gustave DORET / Pierre GIRARD: La fête des Vignerons: VI. La belle Julie – Gustave DORET / René MORAX: La fête des Vignerons: La coquille – Il était une fille (Medley)
Oscar Esmerode, ténor
Catherine Pillonel Bacchetta, mezzo-soprano
Yonatan Kadosh, flûte
Joachim Forlani, clarinette
Michele Danzi, basson
Adalberto Maria Riva, piano
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Gustave Doret (1866-1943) est, par excellence, le compositeur vaudois archétypal de par son enracinement et son caractère. Son attirance pour la France, où il a vécu et œuvré, ne l’a pas empêché de féconder un répertoire caractéristique dans de nombreux domaines dont celui, qu’il affectionnait particulièrement, de la musique chorale et vocale. Il s’est intéressé aussi bien à la monodie qu’à la polyphonie pour lesquelles il nous a légué des partitions emblématiques. Sa fidèle collaboration avec le dramaturge René Morax (1873-1963), par ailleurs excellent musicien, en témoigne. C’est précisément au fameux Théâtre du Jorat, à Mézières, ce « Bayreuth rustique » – selon les mots de l’éminent journaliste Jean Nicollier (1894-1968) – que l’importante musique de scène pour Davel, mystère en cinq parties et vingt et un épisodes, a été créée le 19 mai 1923. Il s’agissait, en effet, de commémorer le deux-centième anniversaire de la mort du héros vaudois. Morax comparait le destin du Major avec celui de Jeanne d’Arc. Ce faisant, il donnait un rôle significatif à la « Belle Inconnue ». L’exigeant et réputé chef de chœur Hermann Lang (1883-1977) assurait la direction de cette nouvelle création.
Cet enregistrement reprend quelques extraits de la musique de Doret, transcrits par le clarinettiste, compositeur et arrangeur suisse Joachim Forlani.
La Suite « Davel » débute avec le Prélude qui, à l’origine, faisait retentir une sonnerie de trompettes dont l’esprit symbolisait « le caractère altier de Davel », d’après l’expression du biographe et compositeur Jean Dupérier (1886-1976).
La fraîche chanson Il était une fille, en Sol Majeur, apparaît dans le 1er Épisode de l’Acte Premier lequel se situe dans La Maison de Cully, pendant les vendanges. L’étrange « Belle Inconnue » fait ses adieux puis disparaît, ce qui fait naître en Davel un sentiment de trouble.
La Marche pour fifres et tambours, à l’accent bernois, se situe au 2e Épisode du même acte, intitulé Villmergen, dans le canton d’Argovie, en référence à la bataille du 24 juillet 1712 au cours de laquelle les protestants l’ont emporté sur les catholiques.
Mon père m’a envoyée (jeune pucelette), en Fa Majeur, se trouve au premier Épisode du Premier acte. Cette chanson restitue une forme de détente.
La mélancolique Pastorale d’Automne (Les troupeaux sont aux champs), en Fa Majeur, célébration de la beauté d’octobre, apparaît dès le Prélude après quelques mesures de la Marche Funèbre, en ut mineur. On la retrouve à l’Acte Deuxième, dans le 3e Épisode.
En 1723, l’année fatidique de l’exécution de Jean-Daniel-Abraham Davel, le 4e Épisode du même acte évoque encore La Maison de Cully, avec le Psaume XVII du poète français Clément Marot (ca 1496-1544), Seigneur, écoute mon bon droit, au ton grave. Doret l’a traité, à juste titre, en mode dorien relatif, ici, à la spiritualité de Davel lequel, selon Morax, « se mettait en grand uniforme pour parler à Dieu ».
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La calme Pastorale d’Automne est reprise, par le cor, dans le 7e Épisode de l’Acte Troisième. Puis, tout juste avant le 8e Épisode, se place la fière Marche des bataillons de Davel. Le thème du Psaume de Marot sera réintroduit, brièvement, au 16e Épisode de l’Acte Cinquième. C’est dans l’Épisode suivant, en prison, que Le rêve de Davel (Heureux celui qui a soif de justice), en Do Majeur, est entonné tandis que la mère du Major et la « Belle Inconnue » apparaissent. Le 18e Épisode, tragique, fait entendre l’émouvante Marche funèbre lorsque le cortège s’ébranle à son rythme. Puis, la lumineuse Pastorale d’Automne est encore évoquée avant que la tonalité s’obscurcisse avec le retour de la Marche funèbre. La Marche des Bataillons de Davel termine la partition.
À l’époque de la création de sa musique de scène, Doret venait de perdre sa sœur aînée dont il était proche. Ainsi qu’il l’a écrit dans Temps et Contretemps (Fribourg, 1942), il s’est noyé « dans les répétitions pour oublier le chagrin du moment ». Le succès des représentations le réconforta. Davel est une composition exigeante qu’il a pu concevoir, toutefois, à Satigny, dans le canton de Genève, dans une « atmosphère de sérénité ». De son côté, Morax s’est révélé le plus sobre possible en évitant toute forme de grandiloquence. Il s’agit, en l’occurrence, d’une collaboration exemplaire entre ces deux créateurs.
Mirage (Le rythme triste de l’automne), sur un poème du nietzschéen Charles Vellay (1873-1953), publié vers 1902, pour voix et piano, avec flûte ad lib., est en mi mineur. L’œuvre est dédiée à Madame Charles Dettelbach, cantatrice de son état.
La Tarantelle (1896), sur un texte du Genevois Marc Monnier (1829-1885) – Aux cieux la lune monte et luit – est en Ré Majeur. Le journaliste et ami Georges Gaulis (1864-1912) en fut le dédicataire. La page de titre porte l’indication : « Chanson de Lauzières », certainement en relation à Achille de Lauzières (1818 ?-1894), le célèbre parolier de chansons napolitaines.
Gustave Doret a composé la musique de deux Fêtes des Vignerons : en 1905, puis en 1927. La première fut conçue en collaboration avec le fidèle René Morax tandis que la deuxième l’a été avec le jeune homme de lettres genevois Pierre Girard (1892-1956). 1905 fut l’aboutissement des Fêtes du XIXe siècle de même qu’un succès retentissant. Doret avait choisi de s’éloigner du ton populaire adopté par son prédécesseur Hugo de Senger (1835-1892). L’Hiver était placé en tête de la dramaturgie afin de permettre au Bacchus automnal de conclure. L’inspiration biblique de Morax constituait, en quelque sorte, l’idéal de cette Fête.
L’édition de 1927 s’est déroulée dans un climat de grande incertitude, de nombreux vignerons, sérieusement affectés, ayant abandonné leur tâche. Morax s’est récusé tandis qu’Arthur Honegger (1892-1955) était pressenti. Doret finit par s’imposer. Le chant populaire et le répertoire choral furent alors singulièrement valorisés.
Les extraits choisis, pour cet enregistrement, ont également fait l’objet d’une transcription de Joachim Forlani sous l’intitulé : Suite « La fête des Vignerons ».
Le Printemps – À qui donner la Rose ? (1927), en Ré Majeur, était, à l’origine, un chœur à l’unisson avec accompagnement d’orchestre.
L’Hiver – La Chanson du Blé qui lève (1927) – Sous le ciel noir de février – en Sib Majeur, était, originellement, un chœur pour ténor solo et 4 voix d’hommes pour le refrain a cappella.
Le Printemps – La coquille (1905) – Chanson de Claudine – Dans le mois de juin – en Sol Majeur, était, à l’origine, un chant à 1 voix.
L’Automne – La Chanson du Pressoir (1927) – Que la tonne s’emplisse – en Fa Majeur, était, originellement, un chant à 1 voix avec refrain pour chœur à 4 voix mixtes a cappella.
La mi-été – La fille du Vigneron (1905) – L’était un vigneron – en Fa Majeur, fut composé sur une poésie de Juste Daniel Olivier (1807-1876), le chantre du canton de Vaud.
L’Automne – Chanson de la Belle Julie (1927) – Tous les gars ont dansé – en Sol Majeur, était, à l’origine, un chœur à 4 voix a cappella.
Il est certain que l’homme de théâtre accompli que fut Gustave Doret est essentiellement connu pour un type de répertoire dans lequel la voix joue le rôle principal. Toutefois, il fut aussi l’auteur d’une délicate Suite tessinoise (1917/20), et, encore, d’un Quatuor à cordes, en Ré Majeur (1924), hélas complètement oubliés.
Il fut également un chef d’orchestre renommé de même qu’un écrivain inspiré. Doret, en tant que témoin essentiel d’une époque féconde de la musique suisse, inspire toujours la recherche musicologique tant son apport est aussi complexe que fécond.
James Lyon
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