Décès de Chen Liang-Sheng | VDE-GALLO

Décès de Chen Liang-Sheng

Nous avons la tristesse de faire part du décès d’un musicien humaniste accompli, découvreur enthousiaste, compétent et exigeant. Chen Liang-Sheng, durant 33 ans chef du Chœur universitaire de Genève, composé de chanteurs également enthousiastes, est décédé le 27 février. Nous avons participé ensemble à trois moments marquants, dont les deux premiers ont donné, de par leur envergure financière, des sueurs froides à notre petite entreprise familiale: en 1971, enregistrement en première mondiale de la version originale anglaise de l’oratorio Saül de Handel, pour solistes, chœur et orchestre, avec l’OSR et Hugues Cuenod dans le rôle de David. En 1972, enregistrement des Psaumes 42, 95 et 115 pour solistes, chœur et orchestre de Mendelssohn, œuvres totalement inconnues et qui n’avaient plus été données en concert depuis leur première sous la direction du compositeur. Egalement avec des solistes de premier plan, et l’OSR. Les deux enregistrements par Claude Maréchaux, qui a accompli avec musicalité des prouesses techniques. D’une profonde et joyeuse beauté, ces Psaumes sont maintenant connus, joués et enregistrés dans le monde entier.
Sino-américain, Chen (on l’appelait par son nom de famille) a participé à la formation de musiciens classiques en Chine, à Pékin et Shanghai notamment, donnant des cours sur de longues périodes. Il a monté la 9e symphonie de Beethoven en mettant en collaboration le Chœur universitaire de Genève, l’Orchestre du Conservatoire central de Pékin, et des solistes chinois, pour des concerts aussi bien en Chine qu’en Suisse. Nous avons publié également un CD enregistré lors d’un concert au Victoria-Hall.
Etre chef d’un chœur d’«amateurs» et de plus changeant considérablement d’une année à l’autre au gré des volées universitaires, n’est pas la meilleure position pour se faire un nom. Chen s’en est accommodé, mettant son ambition dans la qualité du partage d’œuvres qu’il trouvait belles et qu’il se donnait le temps et la peine d’approfondir avec une rare conscience professionnelle pour les interprètes et le public. (Photo: Jean-Rémy Berthoud)