Les 13 Nocturnes de Fauré
Les 13 Nocturnes de Fauré s’étendent de 1883 à 1922, avec le sixième datant de 1894, une période de pleine maturité pour le compositeur.
Alfred Cortot, inoubliable interprète de cette musique, parle avec émotion de ce «chant lourd de pensée et de méditation, secret d’une tristesse inavouée», auquel succède «sur un murmure frissonnant de feuilles, une voix si douce et si consolante».
C’est une musique d’une grande aristocratie dans ses harmonies subtiles et son flux rythmique impassible, mais elle révèle, à ceux qui savent l’écouter, la voix de la sagesse et de la joie conquise, à l’instar de Beethoven, obtenue au prix de longs travaux et de durs renoncements.
Toccata et Variations de Honegger
La Toccata et Variations de Honegger est une œuvre de jeunesse, composée en 1916, alors que le compositeur avait 24 ans. Bien que l’on puisse y déceler certaines maladresses, elle affirme déjà un style très personnel, tour à tour athlétique, expressif, impitoyable et tendre. La Toccata se distingue par une santé et une vitalité presque sportives. Quant aux Variations, dont le thème rappelle celui de Fauré, elles forment un chant funèbre, où la fatalité brutale des variations rapides interrompt l’angoisse des mouvements lents. La dernière page, d’une grande beauté, est mystique, dans l’esprit de l’Aria de César Franck, reflétant une foi grave et juvénile.
En plein air de Bartók
Le cycle de 5 pièces de Bartók intitulé En plein air date de 1926. On y sent fortement l’influence de Debussy, qui fut l’un des premiers à s’aventurer en dehors du monde centré sur l’homme, avec ses sentiments contrôlés, où la nature n’est qu’un décor qu’il anime à sa guise.
Déjà chez Debussy, on trouve ce sentiment de l’impuissance humaine face à l’immensité et à l’impitoyable nature. Dans chacune des cinq pièces de Bartók, l’élément humain, dans toute sa touchante faiblesse, est confronté à la puissance élémentaire des rythmes, à l’obsession inhumaine des voix de la nuit, et aux chaos des dures dissonances qu’aucun Orphée ne saurait dompter.
C’est une œuvre assez pessimiste, comme beaucoup d’œuvres de Debussy, mais sans complaisance ni apitoiement sur soi-même, à la fois inquiétante et fascinante.
Pierre Souvairan
Pierre Souvairan est né à Montreux, en Suisse. Son père était originaire du Midi de la France, sa mère des environs de Zurich. Ses premières impressions musicales lui sont venues de Stravinsky, qui composait au piano pendant l’année où il séjourna dans l’hôtel familial. Il a suivi des études classiques et musicales à Lausanne, ces dernières à l’Institut de Ribaupierre, avant de partir pour Leipzig où il a étudié pendant trois ans avec Robert Teichmüller, puis à Paris avec Alfred Cortot, et enfin à Bâle et Berne auprès de Rudolf Serkin.
Il s’est d’abord établi à Berne, où il a été professeur au Conservatoire, tout en poursuivant sa carrière d’interprète. En 1953, il a été nommé professeur à la Faculté de Musique de l’Université de Toronto, au Canada, où il continue sa double carrière d’interprète et de pédagogue. Il a conservé des liens solides avec la Suisse, et en particulier avec le Valais, où il peut allier ses deux passions : la montagne et la musique.
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