PIERRE MÉTRAL, compositeur suisse
Né en 1936 à Genève, Pierre Métral s’est imposé à l’attention des auditeurs bien avant d’avoir atteint la trentaine. Dès les premières œuvres proposées, on a senti chez ce musicien non seulement la race de bonne lignée, mais une riche sensibilité qui allait très vite le mettre à l’abri des « écoles », des « chapelles » dont la musique d’après-guerre nous a donné le spectacle, autant par la gratuité de leur propos que par les options souvent sans issue qui en déterminèrent le caractère. Pierre Métral tendait à retrouver un monde sonore se référant très souvent à ce que la musique nous avait apporté depuis Debussy. Il n’est pas erroné de lui joindre, pour l’esprit, l’adjectif de français et de latin.
Pierre Métral fit ses études au Conservatoire de Genève puis partit pour Paris où il fut en particulier l’élève d’Henri Dutilleux. À ses études de composition, il joignit celles du hautbois et de la percussion. Dans le domaine instrumental c’est à la percussion qu’il va vouer une affection toute particulière. D’ailleurs, entrant comme musicien à l’Orchestre de la Suisse-Romande, il en devient en 1968 le premier timbalier. Ce qui entraîne, ipso facto, sa nomination de professeur de percussion au Conservatoire de Genève et, en 1970, de responsable musical de (ERA», Études et Rencontres Artistiques (Genève).
Il va être ainsi à l’origine de toute une activité créatrice dans le domaine de la musique de notre temps. Cheville ouvrière d’ERA, il en harmonise les programmes, anime la vie musicale de ce groupement.
Nous sommes vers les années 1961. Pierre Métral fonde l’Ensemble Instrumental de Genève qui se fixe pour tâche de faire connaître à Genève la musique contemporaine. Ainsi, en Suisse, comme à l’étranger, il créera plus de quarante ouvrages de musique nouvelle.
C’est en 1965 qu’il fonde l’Ensemble à Percussion de Genève. C’est, je pense, sur le plan instrumental et pédagogique, la plus chère de ses entreprises. Pierre Métral lui voue un soin tout particulier. Non seulement il écrit pour son ensemble, mais part à la recherche d’une littérature nouvelle qu’il veut faire connaître à Genève. Par voie de conséquence, il va être l’artisan du premier concours international de percussion, discipline qui s’inscrira dans le cadre du Concours International d’Exécution Musicale de Genève. Ce fut, d’ailleurs, pour sa première tentative dans le genre, une parfaite réussite qui témoignait bien de l’authenticité de ce musicien sur ce sujet.
Poussant plus loin son désir de structurer cette discipline instrumentale, il créa en 1974 le Centre International de Percussion, dont les activités multiples sont autant de faire connaître le répertoire que de créer des rencontres au niveau des ensembles connus, que de mettre en valeur cette pédagogie qui n’en est qu’à ses balbutiements.
Mais Pierre Métral est aussi un « amoureux » de la danse. Il a soutenu les efforts des ensembles chorégraphiques voyant le jour à Genève, aussi bien sur le plan privé qu’officiellement. Il écrivit des ouvrages spécifiquement chorégraphiques, dont un, « Répercussion », est gravé sur ce disque. Là, les déboires ne manquèrent pas, le monde de la danse est changeant. Ne perdant jamais courage, et finissant par envisager sa propre affaire, dans ce domaine, il vient de fonder l’Ensemble Chorégraphique de la Suisse Romande, avec le chorégraphe Ron Cundiff. Le répertoire de cet ensemble est avant tout basé sur des œuvres pour percussion.
Albin Jacquier
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