Extraits / Excerpts
William Blank: Monologues
William Blank: Monologues
William BLANK: Après Cris for Solo Piano – Fragments No. 3 for Solo Violin – Chords for Solo Accordion – Gegen for Solo Viola: No. 1 – Gegen for Solo Viola: No. 2 – Gegen for Solo Viola: No. 3 – Refrain for Solo Harp – Lightnings for Solo Piano.
Gilles Grimaître, piano
Mira Wang, violon
Fanny Vicens, accordéon
Geneviève Strosser, viola
Letizia Belmondo, harpe
« La musique de William Blank – cet incontournable représentant de la création helvétique aux côtés de son aîné Heinz Holliger et de son contemporain Michael Jarrell – est jouée dans le monde entier. Chez lui, pas ou peu de nappes évanescentes, d’aléatoire, d’improvisé. Il y a là une sorte de pointillisme à visage humain, un amour maniaque du détail derrière lequel l’émotion se débusque par fulgurances âpres ou par jaillissements compacts. »
Damien Pousset, Outhere Music
Si l’on excepte ma pièce Gegen, écrite pour alto seul – une œuvre radicale, importante dans mon parcours créatif – la composition de pièces pour instruments solistes (sans accompagnement) n’a pas vraiment constitué pour moi un terrain privilégié d’expression ou d’expérimentations. Simplement, à certains moments, le besoin s’est fait sentir de laisser pour un temps la musique d’ensemble afin de pouvoir (re)penser la pertinence de certains éléments de langage ou de rechercher de nouvelles pistes d’organisation formelle : se priver des séductions sonores qu’offre le grand orchestre ou renoncer à la complexité contrapuntique qui fonde l’écriture pour quatuor à cordes par exemple est en effet une expérience essentielle.
Les pièces interprétées ici (et qui entourent Gegen) peuvent donc être envisagées comme de simples jalons qui ont à la fois marqué mes questionnements sur le devenir de mon travail et permis de le poursuivre. En outre, la commande à destination des concours d’interprétation représenta la possibilité de m’interroger également sur la place que je voulais donner à la notion de virtuosité et à la manière de l’envisager puis de la représenter.
Composées entre 1989 et 2014, elles dessinent certains parcours et détours empruntés par mon esprit au cours d’un quart de siècle et n’offrent, comme seule cohérence, que le fait d’avoir été écrites au plus près de ma conscience dans la nécessité de maintenir le fait de penser la musique dans un temps où les concepts d’art éphémère, de performance, d’installations sonores et d’improvisation se substituent peu à peu à l’écriture.
Morphologie est proche d’un petit cluster, ponctue le discours à la manière d’un choral, en définit le rythme et la structure. Ce choral est superposé – par le jeu de la pédale sostenuto – à la réapparition des motifs de l’œuvre antérieure mais ceux-ci sont énoncés maintenant de manière aléatoire, sous forme de courts fragments, parfois caractérisés par des sons étouffés produits par des gommes placées entre certaines cordes graves du piano.
Puis un deuxième accord apparaît ; plus ample, il autorise une forme de développement qui aboutit à un point culminant. Enfin, le choral est progressivement absorbé par des réapparitions motiviques de plus en plus dominantes jusqu’à sa disparition finale, ce qui laisse apparaître, par le jeu des résonances sélectives, l’accord central de la cadence de Cris.
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