Frank Martin: Der Cornet: Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke – Brigitte Balleys, Orchestre de Chambre de Lausanne, Jesús López Cobos
VEL1020
Frank Martin: Der Cornet: Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke
Reiten – Der kleine Marquis – Jemand erzählt von seiner Mutter – Nachtfeuer – Das Heer – Ein Tag durch den Tross – Spork – Der Schrei – Der Brief – Das Schloss – Rast – Das Fest – Und einer steht… – Bist du die Nacht? – Hast du vergessen…? – Die Turmstube – Im Vorsaal – War ein Fenster offen – Ist das der Morgen? – Aber die Fahne ist nicht dabei – Die Fahne – Der Tod – Im nächsten Frühjahr.
Brigitte Balleys, mezzo-soprano – Orchestre de Chambre de Lausanne, Jesus Lopez Cobos, direction.
LE CORNETTE (1942-1943)
Au cours de l’année 1942, j’étais à la recherche d’un texte qui puisse servir de base à un cycle de Lieder avec piano, lorsque ma femme me fit connaître l’admirable poème en prose de Rilke: Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke. Cette œuvre est très peu connue du public de langue française; elle est quasi intraduisible et, de fait, les traductions que l’on peut trouver en librairie la défigurent gravement. Des le premier contact, je m’enthousiasmai pour ce récit si fort et en même temps si bref et si délicat, mais je le repoussai tout d’abord; il ne convenait pas à mon but: une suite de vingt et quelques Lieder, n’est-ce pas un peu beaucoup? En outre la nouvelle de Rilke, quoique divisée en petits tableaux, est une épopée lyrique de l’évolution d’un sentiment, ce qui me semble la base littéraire nécessaire d’un cycle de Lieder. Enfin, je redoutais fort de mettre en musique un texte dans une langue qui n’est pas la mienne, ayant toujours eu pour but de retrouver dans la composition vocale, la forme et l’expression exactes du langage.
Cependant la puissance et le charme de l’œuvre de Rilke ébranlèrent ces résistances. La rencontre que je fis alors d’Elisabeth Gehri et la possibilité de l’avoir pour interprète, me décidèrent à renoncer à mon cycle de Lieder et entreprendre un plus vaste travail. Les encouragements que je reçus de Paul Sacher achevèrent de me décider et donnèrent à mon projet sa forme définitive, en m’offrant comme partenaire à la voix d’alto la finesse et la transparence d’un orchestre de chambre. Rien ne pouvait mieux convenir à ce texte: poème épique, mais d’une notation infiniment brève et délicate, tout en nuances, jusque dans la rudesse des peintures guerrières. Le petit orchestre pouvait en exprimer toute la couleur sans l’empâter par la masse même des exécutants. Quant à la forme, le découpage en tableaux que j’avais pu faire dans le Vin Herbé sans altérer le texte de Bédier, je le trouvais, de la main du poète même, dans celui de Rilke, plus net encore, et plus caractérisé. La question de la langue allemande fut résolue par une collaboration étroite avec ma femme, pour qui elle est comme une seconde langue maternelle. C’est ainsi que nous avons bien souvent discuté et fixé ensemble l’importance, la durée et la hauteur relative des diverses syllabes de ce texte, comme aussi les nuances d’expression toujours fines, souvent complexes et fugitives qui font le charme de Rilke.
Que dire de la musique, sinon que j’ai cherché, pour chaque tableau, une forme musicale aussi adéquate que possible à sa forme littéraire, que j’ai cherché aussi à conserver le caractère propre à chaque fragment, qu’il soit simple récit, description, explosion lyrique ou approfondissement tout intérieur des sentiments. En bref, j ‘ai tenté de rester aussi fidèle qu’il m’était possible ce texte, aussi fidèle que me le dictait ma profonde admiration. Pour moi, d’avoir vécu une année en sa compagnie, mieux encore de l’avoir revécu, ce texte, mot à mot, longuement, en scrutant toutes ses finesses, en éprouvant toute sa puissance émotive, je garde mieux que le souvenir d’un travail aimé et d’une joie de l’esprit; il s’est en quelque sorte inscrit dans ma vie. Mon plus cher désir est que quelques personnes puissent trouver dans ma musique un peu de ce que le poème de Rilke m’a donné.
Frank Martin
(dans « A propos de… »Ed. La Baconnière)
Rupture de stock








Afficher les commentaires
Aucun commentaire